Fennec

Souvent prisonnier de ""mémoires affrontées "", le traitement historique de la guerre (l'Algérie a eu peine à sortir de tels horizons. Qu'il s'agisse des mémoires combattantes (surtout françaises), de celles des victimes de toutes natures, de leurs collatéraux, voire (les Etats, la liste est longue (les travaux portés par le besoin - plus ou moins conscient - de faire le deuil, sans qu'on sache toujours ce qui relève de la mise à jour objectivée ou de l'enfouissement. En la matière, la période postérieure au 19 mars 1962 est souvent absorbée, dans les images mentales des métropolitains, par un besoin de passer à autre chose, qu'exprime bien l'idée de liquidation du passé colonial. Il y a là, au coeur de l'événementialité, une asymétrie voisine et violente, rappelant celle vécue après septembre et surtout décembre 1944.1 oblitération métropolitaine des violences, qui de militaires deviennent au printemps et à l'été 1962 désormais civiles (dans leur immense majorité), doit donc être évaluée. La compréhension de ce hiatus est en effet centrale pour saisir les mécanismes de sorties de guerre. Il y a d'abord celles des hommes (supplétifs, soldats perdus de l'OAS, militants anticolonialistes, prêtres) dont les destins basculent entre la fuite éperdue et l'espoir bientôt démenti de pouvoir "" faire société "" en Algérie. Il y a ensuite celles de l'Etat qui génère des temporalités différentes allant de l'urgence du rapatriement et de l'insertion (pour les Français) en métropole aux illusions de maintien d'une présence militaire ou industrielle en Algérie. Enfin, il y a les échos régionaux de la guerre. A cet égard, l'intégration économique voire sociale des rapatriés n'exclue ni des conflits d'identités individuelles, ni de profonds clivages politiques dont les effets se font encore sentir : le combat anticolonial étant la matrice d'une génération.

Depuis le Printemps arabe et malgré la mort de Ben Laden, le monde arabe est plongé dans un nouveau cycle de violence, dont l'épicentre ne cesse de se déplacer, de la Libye u Yemen, en passant par le Sinai, la Syrie et l'Irak. Après le temps de l'espoir démocratique, les pays arabes se sont trouvés confrontés, à des degrés divers, à la menace terroriste et au risque de guerre civile. Dans un contexte international maqué par un retour de la guerre froide et des crises à répétition, les perspectives d'avenir sont plus que jamais incertaines. Partout, l'instrumentalisation du religieux produit des monstres qui finissent par se retourner contre leurs créateurs. Cet ouvrage fait le point sur l'état actuel du monde arabe en proposant des clés pour comprendre les mécanismes en jeu dans les crises complexes que traversent les sociétés contemporaines.

Depuis les émeutes sanglantes d’octobre 1988, l’Algérie est rentrée dans un processus de démocratisation ; la presse s’est libéralisée, des dizaines de partis ont surgi. Cependant que se développait un mouvement islamiste, dont la victoire aux élections locales et régionales de juin 1990 a pu faire craindre que le multipartisme ne débouche sur l’hégémonie d’un nouveau parti unique. Et comme l’opinion publique algérienne devenait de plus en plus réticente à son égard, le Front islamique de salut a ensuite cru pouvoir échapper à la sanction des prochaines élections législatives en engageant ses militants dans une guérilla urbaine… Islamisme, afflux des jeunes générations, crise économique, les défis sont nombreux pour cette société algérienne en quête de son identité. De cette situation complexe, Francis Jeanson livre ici, tout à la fois, le reportage et l’analyse à partir de trois séjours successifs, depuis juin 1990 où il s’est mis à l’écoute d’une grande diversité d’interlocuteurs (mécaniciens et Premier ministre, militantes d’associations féminines, artiste et médecins, islamistes de base et présidents du FIS).

Il n'est nul besoin de démontrer que les deux rives de la Méditerranée, dont l'histoire est depuis les temps anciens très enchevêtrée, ont besoin de mieux se connaître et se comprendre. Les liens et les échanges sont en effet multiples entre le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Libye) et les pays du sud de l'Europe. Ils sont non seulement de nature historique (empreinte laissée par les colonisations et les décolonisations) et humains (présence – notamment en France – de populations issues du Maghreb : Juifs d'Afrique du Nord, "" pieds-noirs "", travailleurs et familles immigrés), mais aussi culturels, politiques, économiques, touristiques ... L'intérêt de ce recueil d'articles est donc évident. S'appuyant sur l'histoire et la géographie, la sociologie, l'ethnologie et l'anthropologie, les études littéraires, il donne à voir la complexité de l'"" Occident arabe "" qu'est le Maghreb, en donnant toute leur place à sa diversité culturelle, qu'il s'agisse des expressions de la culture berbère, de la mémoire de la présence des Juifs ou des héritages des mondes nomades. Le caractère pluriel de ces sociétés se lit également dans les contrastes existant entre les plaines littorales, les massifs montagneux, les steppes des hautes plaines et le désert saharien. Comprendre les traits fondamentaux caractérisant la population et les territoires, le fait religieux et les formes de civilisation, l'organisation sociale et les expressions culturelles permet une interprétation plus riche et moins simpliste des temps présents. C'est l'objectif fixé à cet ouvrage. Vingt-cinq spécialistes, parmi les meilleurs, y ont participé : outre Camille Lacoste-Dujardin et Yves Lacoste, on citera notamment Jean Dresh, Benjamin Stora, Mohammed Arkoun, Mohammed Naciri, Rachid Mimouni, Tahar Ben Jelloun, Jacques Berque, Fanny Colonna, Charles Bonn, Rochdy Alili. Maghreb, peuples et civilisations est initialement paru, aux mêmes éditions, dans la collection "" Les Dossiers de L'état du monde "". La présente édition a été revue, mise à jour. Très précieux aux étudiants en histoire et civilisation, en géographie ou en sciences politiques, l'ouvrage s'adresse également au grand public.

La colonisation a-t-elle eu un "" caractère positif "" ou a-t-elle été facteur d'une exploitation et d'une domination féroces des peuples et des territoires colonisés ? Faut-il la traiter comme une page d'histoire parmi d'autres ou bien l'expier comme un péché, qui entache la France depuis plus d'un siècle ? Loin d'être un objet froid de la recherche historique, le passé colonial nourrit aujourd'hui dans l'héxagone une véritable guerre des mémoires. Depuis la loi du 23 février 2005 et son article 4, le débat fait rage autour de ces questions. Ces débats sont-ils uniquement franco-français ? Il suffit de porter le regard au-delà de nos frontières pour se convaincre du contraire. Au nom du gouvernement italien, Silvio Berlusconi ne vient-il pas de faire officiellement acte de repentance pour la colonisation de la Libye ? Ce livre le montre, toutes les anciennes puissances coloniales, sont confrontées à ce passé, le Japon ne faisant pas exception. Comme d'ailleurs les sociétés anciennement colonisées. Cette approche comparative permet donc de mieux saisir ce qui, dans les débats sur ce passé, est spécifique à notre pays et ce qui relève d'un passé partagé des puissances impériales.