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Le pain des Français
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Le pain des Français

De Xavier le Clerc, Gallimard roman, 2025, 144 pages.

4e de couverture

« “Ici on ne vend pas le pain des Français aux bougnoules ! Dix baguettes ! Et encore quoi ?” éructa le boulanger, les bras croisés derrière sa longue vitrine de pâtisseries. J’avais six ans et mon père, qui me tenait par la main, en resta sans voix. Le regard vert et incandescent, il serrait sa mâchoire anguleuse. Mon père était aussi tourmenté par son passé que par l’avenir de sa famille nombreuse, pour laquelle il avait tout sacrifié. Lui l’ouvrier si digne, qui était toujours vêtu d’un costume noir et d’une cravate, ignorait qu’il dégageait l’air déchirant d’un oiseau kabyle en voie d’extinction, une sorte de dodo des montagnes qui avait tour à tour survécu à la famine, à la guerre puis à l’usine. »

Dans les sous-sols du musée de l’Homme, à Paris, sont emmagasinés des milliers de crânes indigènes, provenant de collections du XIXᵉ siècle. Le narrateur, Xavier Le Clerc lui-même, découvre parmi ces cartons empilés le crâne numéroté d’une fillette kabyle de sept ans, qu’il appellera Zohra. Il tentera d’imaginer sa courte vie, lui racontant en retour ce qu’a été la sienne. 

Lecture :

Dans Le Pain des Français, publié en 2025 chez Gallimard, Xavier Le Clerc livre un récit intime, sensible et profondément engagé sur l’exil, la filiation et l’appartenance. Ce livre, à la frontière entre autobiographie et hommage littéraire, revient sur l’histoire de son père, immigré algérien venu en France dès 1962 pour subvenir aux besoins des siens en travaillant comme ouvrier sur les chantiers et dans les usines…- Il lui consacra d’ailleurs l’un de ses précédents livres : Un homme sans titre - , et sur ce que signifie, pour un fils né ici, de porter cette histoire dans sa chair.

Après le souvenir de cet épisode douloureux dans une boulangerie, s’invite ensuite à la mémoire de l’auteur le prénom Zohra sans savoir à quel moment de sa vie il avait croisé une fille ou une femme portant ce prénom. Un article sur la conquête l’amène à s’intéresser aux têtes coupées se trouvant au Musée de l’Homme et « si Zohra était parmi ces crânes ? ». Zohra lui apparut enfin en rêve sous les traits d’une petite Kabyle âgée de 7 ans puis trouva la mort lors d’un cauchemar qui suivit, décapitée d’un coup de sabre en 1845… Dès lors commence pour l’auteur une quête pour lui redonner vie et sens en comparant son destin recontextualisé au sien.

L’écriture est sobre, toute en retenue. Elle donne toute sa force au récit. Le Clerc évite tout pathos, tout manichéisme : il ne s’agit ni de régler des comptes ni d’idéaliser.

Le Pain des Français s’inscrit dans une littérature contemporaine qui interroge l’identité, la transmission et la mémoire . C’est un livre d’une grande humaninité.

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